Kaleidoscopic-Mind

Nous sommes dans un panier à douches communes de 510 067 420 km². Asseyez-vous dans la salle d'attente de votre dentiste, et au lieu de plancher hypocritement sur le premier mots-mêlés que des vingtaines d'autres désespérés ont déjà gribouillé à la recherche du mot "EX" -on vous a tous menti, on n'était pas au scrabble-, regardez ces gens qui vous entourent. Est-ce que ce vieux fou avec sa moustache improbable a déjà pleuré ? Et cette femme en tailleur léopard, est-ce qu'elle a déjà lapé le bol de son chat sur le sol, rien que pour voir l'effet que ca pouvait faire ? Ce petit garçon qui a une frousse pas permise du dentiste et qui n'ouvrira pas la bouche, est-ce qu'il est amoureux ? Je voudrais lui dire de faire attention à lui, que moi je ne le connais pas mais que je ne veux pas qu'il tombe. Je voudrais façonner son jeune esprit, pour lui apprendre, le préparer à tous les coups fourrés. Il deviendrait un homme, le plus malin du Monde. Je lui dirai surement oui si un jour il me demandait de l'épouser. Nous serions heureux et égoïstes.

J'ai l'impression que c'est le temps que ça va me prendre. Bien sur j'extrapole comme d'habitude. Beaucoup de choses vont me manquer, mais je me sens prête à y faire face. J'ai acheté une bouteille d'oxygène et un tuba, maintenant que ma pause "surface idyllique" est terminée, je replonge seule (notez bien que je n'ai pas besoin de masque, tu m'as appris à ouvrir les yeux -sous l'eau-, et oui je t'aime -je voulais le dire une p'tite dernière fois, ça aussi ça me manquera-). J'ai encore pleuré ce matin, ça ne me ressemble pas. Il faut que je me débarrasse de toutes mes pensées Noeud-noeud ><.

- Enfin Amélie ! Quelle nouille tu fais ! Tu sais bien qu'il ne faut jamais dire jamais !
- Si je ne le connaissais pas... Mais il est de ceux qui sont malades par mer calme. Moi tout ce que je sais faire, c'est agiter le bateau, alors tu penses...
Mais je vaincrai tu sais ?

L'étendue de mes connaissances se résume a 17ans/cm². C'est dur quelques fois de se heurter à des vérités en granit. Vous savez, ces vérités indélébiles que rien ni personne ne changera, celles qui vous susurrent narquoisement que "c'est comme ça et pas autrement. Tu vois ma fille, t'as plus qu'à accepter, on changera pas le Monde pour ta pomme. Mais je crois que même ma Pomme s'est perdue.

Il y a des gens à qui on donne de l'amour, mais qui ne le mérite pas. On les hait, on les aime, on les hait puis on les aime toujours. Cette espèce de coutume ridicule qui rythme nos coeurs déclenche une véritable envie de gerbe radioactive. Pourtant on n'y peut rien, parce que quand on les verra souffrir, on voudra que ça s'arrête. On ne veut que leur Foutu Bonheur, bien trop souvent au prix du notre.

Il y a aussi ces gens que l'on croirait aimer pour toujours. Mais qui un jour, une fois qu'ils nous ont tendrement installé sur notre petit nuage soyeux, s'empresse de nous en faire tomber. Le but étant bien sur de monter, monter, monter, et de faire en sorte que la chute soit des plus fracassantes. On sait bien que cette finalité est la seule qui nous attend, on sait bien qu'on aura mal, mais le plus perfide dans cette satanée histoire, c'est qu'on l'a bien voulu. Pendant les temps heureux, on a docilement accepté ces caresses et ces baisers volés. Maintenant on doit accepter les larmes, le manque, l'amour, et le ridicule. Certaines fois je me demande si le rapport qualité/prix de l'amour n'est pas sérieusement pourri.

Mais merde, j'apprends et j'apprends encore. J'apprends sur le tas, sans recommandation, sans avertissement, sans "eh oh, attention ici ca brule", d'où le ramassage de gueule permanent.